33ème jour: Villalba -> Baamonde - 21 km

Encore une journée courte aujourd'hui et du très beau temps.
Je pars la dernière de l'auberge. Je traîne.
Je sens la fin du périple arriver. Je m'arrête sur le chemin pour voir le soleil se lever. Des chemins, des petites routes, des chataîgniers et surtout des chênes. Omniprésent, le granit. Un beau ciel bleu. Nous traversons une ferme qui n'a pas dû beaucoup changer depuis le début du 20ème siècle. La vache dans l'étable, le tas de foin, le maïs fourrager...et les bouses de vache  qui nous accompagnent momentanément- je retrouve là la Galice d'il y a seize ans.
Nous jouons à cache cache avec l'autoroute. Au bout de 8 km, je me pose dans un bar pour un café. Les trois suissesses avec qui j'ai dormi s'installent à ma table. Trois soeurs, suisses allemandes - trois dames âgées qui bavardent en prenant le thé...ou le café. Il est 10 h 30.
J'aperçois Maria et Luis. Ils rentrent puis se ravisent.  Ils se sont déjà arrêtés. Moi, pas. Je les rattraperais. Je pensais faire une étape courte. Eux veulent aller plus loin. Maria me fait hésiter. Une étape courte, est-ce bien raisonnable?  Il faut mieux arriver à Santiago en fin de matinée. Pour cela, pŕévoir une dernière étape courte. Je n'y avais pas pensé.
Je les dépasse à nouveau et arrive au niveau de l'auberge en même temps que Blanca. J'hésite. En fait, je m'échappe. Je sais que Maria et Luis vont s'arrêter là aussi. Je l'ai senti à leurs derniers propos.C'est une grosse auberge. Cela fait deux soirs que je mange avec Maria et Luis. Je m'aperçois que dans ma relation aux autres, ce n'est pas simple. La frontière entre le "pas assez" et le "trop" est tellement ténue.
Je vais voir l'église de Baamonde à la sortie du village et les sculptures de Victor Corral - que je rencontre en montant vers sa maison et son musée.
Je mange au restaurant d'à côté - seule. Je me questionne: m'arrêter? continuer? Si je veux continuer, je dois réserver car l'auberge est petite. J'étudie mon guide. Je vais m'arrêter là. Je pourrais quand même arriver à Santiago le matin. J'ai un petit message de Maria. Ils se sont arrêtés là. Et pourquoi pas à nouveau ce soir une "supa de sobre". Quand elle m'a proposé ça, Maria, il y a deux jours, je croyais que c'était un légume que je ne connaissais pas..
Il s'agit juste d'une soupe en poudre.
Un petit mot sur le chemin de 2002. C'était un chemin riche mais exigeant, difficile, à tous les niveaux, beaucoup plus que celui que je fais maintenant. Les conditions d'hébergement étaient plus rudimentaires. 783 km - sans compter les kms faits en plus ... pas de gps ni de podomètre en 2002- en 27 jours. Dur! Le soutien et le lien avec les autres en étaient d'autant plus importants. Et en plus, le froid, le vent, la pluie à chaque fois qu'il y avait un passage montagneux.
Cette fois-ci, le chemin est souvent tellement jouissif et plaisant que j'ai l'impression d'être en vacances avec des amis.
Pour demain, il est prévu de la pluie même de la neige! Mañana sera mañana.
J'ai une des nouvelles de Maria de Madrid. Elle va bien.

La campagne

Maison qui paraît abandonnée

Victor Corral et sa maison

Sculpture de Victor Corral

Commentaires

  1. Coucou ,
    Je te sens heureuse et en parfaite harmonie avec toi même.
    Même avec la fatigue, les difficultés tu restes positive
    et prends beaucoup de plaisir dans ce périple.
    Continues à profiter pleinement de chaque instant!
    Bisous et douce nuit......

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  2. Salut
    Tu finis sereine c'est vrai que ça se ressent, il te reste plus que 85 kms environ. C'est cool!!
    Profites bien de ta soirée et bon dodo
    Big bisous

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  3. Hello,
    on sent une plus nette décontraction maintenant qu'au début en tout cas.
    Avec l'esprit d'escalier qui me caractérise, je reviens sur les risques de se perdre évoqués hier, je crois.
    Il est vrai que déambuler assez longtemps pour voir défiler les saisons peut amener l'esprit, disons à battre la campagne.
    Et alors on s'arrête devant chaque gravier, chaque fougère,chaque nuage et chaque vague et on prend un passeport pour la mélancolie. Avec un aller simple, sans retour. On est pas loin du chamanisme, mais sans les outils conceptuels et les codes qui vont avec ; cela peut être assez ravageur.
    Tu dis aussi que pèlerin et vagabond sont à distinguer. Tout à fait vrai, mais la frontière est parfois mince, sans oublier le revers potentiellement sombre du vagabondage.
    A la fin tragique de Sandrine Bonnaire, au bout de son vagabondage insensé dans "Sans toit, ni loi" d'Agnès Varda, un protagoniste dit (de mémoire,ça date un peu) : "là, ce n'est pas l'errance, c'est l'erreur".
    Mais je fais confiance à ton solide instinct de conservation, même s'il a parfois tendance à regarder ailleurs, quand tu tentes d'assassiner ton portable par noyade, par exemple ;+D.
    Bonne nuit et bizzz

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  4. C est bon de sentir qu' on arrive au but qu' on s est fixé et tu es sereine parce que (même si on ne sait jamais ce qui peut arriver dans l instant suivant)tu sais que tu vasatteindre ton but La vie c est comme le chemin il est tracé et même si on en sors si on fait des zigzag ou n importe quoi d autre je continue à penser que personne n est maître de son destin et d un côté ce n est pas plus mal pour ma part ce week rend je suis de garde petits enfants et ce bout de chemin qu' il m est permis de faire c est merveilleux bisous et j espère que tu n auras pas le mauvais temps

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