J21 - 24 Septembre - Oseira -> Botos : 27 km
Ce matin, je ne me suis pas réveillée. Il n'y avait de bruit. Normalement, je dois quitter l'auberge avant 8 h...
Je quitte l'auberge à 8 h 30. Au monastère, nous avons pu acquérir des kits petits déjeuners. Question nourriture, mon sac est vide. J'ai jeté le pain qui me restait. Il était vraiment trop dur.
Je pars avec Victor et nous nous lâchons au mirador qui donne vue sur le monastère. Lui ne prend pas de photo.Mon appareil ne fait pas de bonnes photos, mais j'aime bien tout de même conserver quelques traces. J'ai bien aimé le monastère. Hier, nous avons assisté a l'office chanté des moines à 19 h 30.
Ce matin, le chemin s'engage très vite dans une montée en forêt. C'est le genre de chemin que ne peuvent pas emprunter les cyclistes: des gros pavés de granit, parfois en dallage, parfois non, des ravines, une pente raide, un vrai chemin de chèvre. J'aime bien ces chemins, mais avec le poids du sac, je suis tout de même vigilante. Je ne suis pas à l'abri d'un déséquilibre.
De chaque côté du chemin, il y a des chênes bien sûr, mais de plus en plus d'eucalyptus et des pins. Il y a aussi des bouleaux. J'aime ces arbres élégants et fragiles. Quand ils sont jeunes, leurs troncs blancs captent la lumière. Leur feuillage est si peu fourni que la lumière passe à travers. J'ai l'impression que leurs feuilles ont déjà commencé à tomber.
Je goûte pleinement le chemin. Je remercie la vie de m'avoir permis de faire ce chemin et je le vis comme si c'était le dernier. C'est d'ailleurs ainsi que nous devrions vivre chaque jour de notre vie, comme si c'était le dernier. Je me laisse pénétrer et imprégner par la nature et l'environnement. Le silence est ponctué du bruit du vent dans les feuilles, de pépiements d'oiseaux, du choc de mes bâtons sur la pierre, de la lourdeur de mon pas. Il fait beau
Le soleil s'est levé, il est derrière moi.
C'est normal, je vais vers l'ouest.
Et mes pensées sont au rythme de mes pas. Elles ne se bousculent. Elles s'enchaînent les unes aux autres sans précipitation. Je pense à mon mari, à mes enfants, à mes amies et à tous mes proches. J'apprécie la chance que j'ai de les avoir. Je pense aussi à ceux qui sont partis et qui me manquent.
Je pense aux personnes que rencontre, pèlerins mais aussi les habitants des villages.
Et surtout, je goûte de tous mes sens la nature qui m'entoure, l'odeur des eucalyptus, la vue des vaches dans les prés, les feuilles des bouleaux qui frémissent au vent.
Mon chemin solitaire ne me pèse pas. Il est sans aucun doute celui qu'il me fallait aujourd'hui, tant pis pour le blog et les photos.
Mon regard capte la lumière du matin qui éclaire la campagne. Je goûte avec gourmandise tous ces moments qui ne sont qu'à moi.
Montées et descentes à travers bois, arbres au milieu des fougères, petits hameaux traversés avec des chataîgniers et des noyers, deux ou trois fermes également avec des vaches, des taureaux et des veaux...c'est au terme de cette belle balade campestre que j'arrive à O Castro Dozon où je fais ma pause.
Mais l'étape est loin d'être finie. Elle risque même d'être un peu longue.
En quittant le bar, j'oublie mes bâtons. Je m'en aperçois vite et je fais retour arrière. Petit clin d'œil du chemin: la présence au chemin n'est jamais acquise.
La 2ème partie de l'étape est moins sauvage. Sur les toits, la tuile a remplacé l'ardoise, le granit a pratiquement disparu. il y a de moins en moins d'horréos
Au fait, un horréo, c'est un grenier à grain sur pattes de pierre. Au début, ils servaient pour le mil, puis pour le maïs, et actuellement, ils sont un témoignage du passé. Les pattes de pierre étaient destinées à protéger la récolte de l'humidité et des rongeurs.
Je retrouve la nationale N525 avec laquelle je vais jouer pendant quelques kilomètres. Je passe devant des fermes d'élevage. L'odeur est forte et désagréable. Je dépasse des champs de maïs.
Et je continue à descendre. Les hameaux que je traverse sont toujours aussi déserts. C'est vrai que c'est dimanche aujourd'hui. Il y a des chats, beaucoup de chats. Dans un hameau, au milieu de la route, une chatte allaite ses 4 petits. De temps à autre, je retrouve des espaces de lande avec de la bruyère, des genêts, des ajoncs.
Après avoir traversé l'autoroute, par dessus, la ligne de train à grande vitesse, par dessus, j'arrive à Botos, terme de l'étape ou Jack alias Jame m'attend. En fait c'est l'hôtel soi-disant fermé pour les vacances qui a trouvé moyen d'ouvir ses portes pour nous accueillir.
Pour moi ce soir, c'est chambre individuelle avec un grand lit et une baignoire, le luxe.
Bravo pour ton courage, l'oubli de tes douleurs. Pour tes derniers kilomètres, je te souhaite le meilleur, tu l'as tellement mérité.
RépondreSupprimerProfite pleinement de ta belle aventure. De beaux chemins t'attendent encore.
Et dans l'immédiat, profite pleinement d'un bon lit, de draps frais, d'espace, d'eau chaude et de ta tranquillité. Les dortoirs, on les aime mais les abandonner un petit coup, ça peut pas faire de mal.
Ultreïa! Buen camino.
Oui, il n'y a aucune raison que ce parcours soit le dernier, les difficultés pour cette reprise étant vaillamment surmontées. Atteindre la mer cette fois, parachèvera sans aucun doute cette belle aventure ... (« C'est en allant vers la mer que le fleuve reste fidèle à sa source. » Jean Jaurès dans un discours de 1910)
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