J26 - 29 Septembre - Negreira -> Lago : 27 km-
Aujourd'hui, je reprends mes habitudes. A 8 h, je suis au bar pour le petit déjeuner. J'ai 28 km à faire.
Avant de partir, et de passer à autre chose, je voudrais préciser mes points d'attention sur le chemin dans l'ordre des priorités.
Le 1er, c'est de ne pas tomber, le 2ème, c'est de ne pas me perdre, le 3ème, c'est de ne pas perdre mes affaires.
Vous qui me connaissez savez qu'au quotidien, je ne suis pas particulièrement attentionnée ni à moi, ni à mes affaires et que je n'ai aucun sens de l'orientation. Je lis les cartes à l'envers, et même le GPS, c'est compliqué.
Hier soir, je croyais avoir perdu mon dentifrice. En fait, Geneviève, ma voisine française m'a dit que j'avais un tube sous le lit, c'était mon dentifrice.
Ce matin, j'ai bien dû passer 1/4 h à retrouver une chaussette. J'ai bien failli lâcher l'affaire. Je l'ai retrouvée accrochée à ma veste.
Ma 4ème priorité, enfin, c'est de prendre plaisir à marcher et de profiter au maximum du chemin, de le savourer de tous mes sens - la vue: le paysage, les rencontres, les sourires -
les bruits: pépiement d'oiseaux, le vent dans les feuilles, le bruit des bâtons et de mes pieds dans les sous-bois, le "buen camino" échangé systématiquement, l'odeur de l'eucalyptus, du chou ce matin - quand il y a de l'humidité, les odeurs ressortent davantage - les sensations: la bruine sur le visage.
Il faut aussi composer avec ce qui est moins agréable: les mauvaises odeurs en passant devant les containers de poubelles, devant les élevages d'animaux enfermés, auprès des champs où ils épandent le fumier, auprès des ensilages, les endroits laids comme les décharges sauvages ou les zones industrielles, les bruits désagréables comme la circulation des voitures, les ronflements dans les dortoirs, les lits qui grincent.
Quand je marche, je mets mon portable en mode avion. Sur le chemin, je l'utilise pour prendre des photos et pour suivre la trace quand j'ai un doute ou si je veux savoir où j'en suis avec l'application "Buen Camino". Dans les 2 cas, je n'ai pas besoin de réseau.
En fin d'étape ou quand la fatigue se fait sentir, la tentation est forte de sortir mon portable.
Pour regarder mon portable, il faut mieux que je m'arrête, sinon je prends le risque de m'emmêler les pieds avec les bâtons ou de trébucher sur une pierre.
Je me négocie avec moi-même des mini-pauses où je m'autorise à regarder...
C'est l'intérêt de marcher seule. Cela permet de respecter son rythme et ses besoins. Chaque jour, il faut trouver des compromis entre son envie d'avancer et ses capacités physiques et mentales à tenir la distance. Tout compte fait, cela se passe bien, les négociations avec moi-même se font dans le calme et la sérénité.
Ce matin, je suis bien sur le chemin, j'ai repris mon rythme. C'est un nouveau chemin. Je suis plus légère sans mon gros sac et ça me va bien.
Bien sûr que je vous emmène tous à la mer!
Mon petit sac n'est pas du tout ergonomique, c'est un petit sac de courses ou de balade tout au plus. Les cordelettes me scient les épaules, mais pour moi il était hors de question d'acheter un nouveau sac.
Je ne vois pas mes voisines de lit sur le chemin car elles ont pris le bus, l'une avait mal au pied et elles ont des contraintes de dates.
Il y a beaucoup de monde pour aller à Fisterra. Tous les 100 m, il y a une ou plusieurs personnes qui marchent.
Un certain nombre a pris comme moi l'option de s'alléger. C'était le cas également de mes voisines de lit.
Et il y aussi des personnes qui reviennent...
Ce matin, il y a du brouillard, comme hier et une humidité qui descend, avec une petite bruine de temps à autre. Le temps reste couvert, mais le ciel se dégage un peu, en tout cas plus qu'hier où toute la journée est restée grise et pluvieuse. La température est douce. Il fait même lourd par moment.
Les 8 premiers kilomètres sont très agréables et m'offrent une belle promenade dans des forêts de chênes et de chataîgniers au sein desquels se glissent quelques eucalyptus qui parfument le chemin , ensuite, je marche sur le bord de la route, du bitume, la plupart du temps.
Quelques hélicoptères sillonnent le ciel à basse altitude. Nous passons près d'un héliport. En face, nous apercevons un champ d'éoliennes.
Le paysage n'est pas désagréable. C'est à présent un paysage agricole avec du maïs et de l'élevage. Ici les vaches sont dehors pour la plupart. La terre est noire, sans doute fertile.
Contrairement à ce que j'ai dit il y a quelques jours, il yva toujours ds horréos et ceux-là sont en pierre.
Je fais ma pause déjeuner au bout de 20 km sur une petite aire aménagée bien agréable. Ce matin, je me suis préparée un sandwich avec du fromage et de la tomate. Comme j'ai bien marché, je m'octroie du temps pour ma pause pour célébrer ce nouveau chemin.
Quand je reprends la route, le ciel s'est complètement dégagé et il fait chaud, je dois mettre de la crème solaire sur mon nez et mes oreilles.
Une ensileuse est à l'œuvre dans un champ de maïs. Le maïs hâché
menu va fermenter sous bâche et servira à alimenter les vaches durant l'hiver.
Nous commençons à grimper en cette fin d'étape. La vue est magnifique et la lumière est belle.
A ma gauche, j'aperçois une grande étendue d'eau avec un barrage.
En face de moi se dresse une montagne avec des éoliennes. Sans doute que la mer est derrière. Demain, il va falloir grimper.
Jusqu'à l'auberge, le trajet me paraît court. Ce n'est pas la même chose de marcher avec ou sans sac. J'ai réservé l'auberge hier soir. Au lieu des 28 km que je pensais faire, j'en fais un peu moins de 27. J'aurais pu en faire 2 ou 3 de plus sans problème.
Pour information, j'ai enfin rentré mon profil sur mon application podomètre, l'étape avant d'arriver à Santiago. Maintenant, mon kilométrage est bon.
Tout le chemin de la Via de la Plata est à refaire pour mettre à jour le kilometrage!
L'auberge est cosy et je suis bien devant ma bière et ma soucoupe de cacahuètes. Je profite. Il fait beau. Ce soir, je prendrais un repas complet à l'auberge. Un couple de québécois arrive. Ils vont aussi s'arrêter ici. Et nous allons prendre le repas ensemble ce soir.
Bah ! Les ronflements et les lits qui grincent ;)) Ces nuits en dortoirs n'ont pas que des inconvénients, car tu bénéficie quand même d'un lit pour toi seule, ce qui tout bien considéré, reste un luxe !
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